L'objectif de cet article est la réalisation de panoramiques sur une grande largeur confectionnés à partir d'une série de photos se juxtaposant.

Qui ne c'est jamais retrouvé devant un paysage grandiose et se trouvant vite déçu l’œil au viseur malgré le grand angle de son appareil photo.

En théorie nous pouvons couvrir 360° d'un paysage quelconque. Personnellement en pratique, je photographie ce que mes yeux voient, soit environ 180°. En 24*36 avec un objectif de 35mm, l'appareil positionné verticalement, il faut 6 clichés espacés de 30°. Parfois j'utilise un objectif de 50mm, 6 clichés espacés de 25° couvrant alors 150° ce qui reste encore conséquent. La méthode que je propose permet évidemment toutes les variantes possibles suivant le contexte et son imagination (pourquoi pas des panoramiques verticaux? Avec une longue focale?).

Mon but a été de réduire au maximum les déformations et que les photos se superposent quasiment à la perfection. Nous verrons par la suite que l'assemblage des photos se réalise alors le plus simplement du monde en minimisant les déformations et interpolations via tout de même un logiciel adéquat.

Le gros frein reste le budget avec un investissement minimum de un trépied, d'une tête panoramique et du logiciel qui va bien.

La prise de vue à main levée restant inenvisageable pour une réussite parfaite, il faudra s'équiper et s'harnacher en conséquence : de son appareil photo, du trépied et de sa tête 3D et donc de la tête panoramique mais aussi d'un niveau à bulle.

Le trépied et sa tête 3D surmontée de la tête panoramique, sur le plateau le niveau à bulle, certains trépieds en sont équipés d'office. Fortement conseillée, la graduation en degré de l'axe de rotation.

A cet équipement de base indispensable, nous aurons peut-être aussi besoin d'un Elbow (coude) qui permet de maintenir l'appareil en position verticale sur la tête 3D (ce qui permet pour une même focale de gagner sur la hauteur de l'image).

L'Elbow permet la prise de vue verticale tout en gardant l'appareil au dessus de l'axe de rotation.

Pas indispensable non plus mais fortement conseillé, un objectif focale fixe. En effet les zooms sont certes bien pratiques et polyvalents, mais leurs formules optiques sont des compromis qui sur une image seule ne laissent apparaître que peu de défauts mais pourtant provoquent dans des proportions plus importantes vignetage et déformations qui vont rendre plus difficile l'assemblage ultérieur.

Enfin un accessoire qui permet de faciliter la mise en place du trépied et de pouvoir gagner quelques minutes, c'est la boule de mise à niveau. Cette boule s'intercale entre le trépied et la tête 3D et permet donc que l'axe de rotation de la tête 3D soit parfaitement vertical en quelques secondes plutôt que de verticaliser parfaitement le trépied en jouant sur la longueur de ses jambes.

La boule de mise à niveau avec sa bulle.

La tête panoramique est composée de 2 plateaux coulissants, un qui va de gauche à droite, le second d'avant en arrière :

Celui qui va de gauche à droite permet de faire coïncider l'axe optique avec l'axe de rotation. C'est le réglage le plus facile à réaliser et qui semble assez évident à appréhender.

Déplacement de l'axe de l'objectif à la verticale de l'axe de rotation

L'autre qui va donc d'avant en arrière mérite davantage d'explications. Il permet de faire coïncider le centre optique toujours avec l'axe de rotation. L'absence de ce réglage aurait pour conséquence que sur 2 images devant se joindre, le bord droit de la première image coïnciderait mal avec le bord gauche de l'image suivante : les détails lointains ne resteraient pas en face avec ceux proches. Nous verrons plus loin comment effectuer au mieux ce réglage et permettra de mieux assimiler cette notion.

Déplacement du centre optique de l'objectif à la verticale de l'axe de rotation. J'ai volontairement mis le centre « mécanique » de l'objectif, dans la réalité le centre optique peut être au delà des lentilles.

C'est les réglages que nous pouvons préparer tranquillement à la maison bien avant la prise de vue. Il pourrait s'avérer difficile de les faire au dernier moment. Il s'agira le moment voulu de les reprendre exactement.

1°) Réglage de l'objectif :

Avant tout, il faut débrayer l'autofocus et régler la mise au point en manuel : soit à l'infini, soit sur l'hyperfocale (je vous invite à rechercher sur internet cette notion un peu oubliée depuis l’avènement de l'autofocus). En gros il s’agit de régler la mise au point sur un point intermédiaire de façon à obtenir une photo nette de quelques mètres à l'infini en fonction d'une ouverture choisie du diaphragme.

Sur cet exemple, en réglant à F11 la profondeur de champ s'étant de 1.3m à l'infini.

Il est assez important que le diaphragme soit bien fermé autour de F8, en général c'est à cette ouverture que l'objectif est à son meilleur rendement en terme de vignetage notamment et de résolution sur les bords de l'image.

2°) Réglage de la tête 3D :

Elle doit être parfaitement perpendiculaire à l'axe du trépied. Donc au moyen du niveau à bulle il suffit que l'axe du trépied soit vertical, ensuite de régler la tête 3D bien à l'horizontale.

3°) Réglage de la tête panoramique :

Le réglage de gauche à droite comme vu précédemment, de façon à aligner l'axe optique à l'axe de rotation.

Le réglage d'avant en arrière de façon à ce qu'un détail lointain reste parfaitement en face avec un détail proche lorsque nous tournons l'appareil de gauche à droite.

J'ai aligné à droite 2 objets... (un distant de d'environ 40cm, l'autre éloigné de plus de 5m)

La tête n'étant pas réglée en tournant l'appareil à droite, les 2 objets se retrouvent à gauche mais plus alignés.

J'avance ou je recule le plateau, je réaligne mes 2 objets à droite...

Par tâtonnement j'arrive à ce que mes 2 objets restent parfaitement alignés tout au long de la rotation de l'appareil vers la droite.

Le réglage de la tête panoramique est fini. Évidemment ce réglage n'est valable que pour une focale donnée à une mise au point précise (infini ou hyperfocale), le déplacement des lentilles modifiant le centre optique.

1°) Positionnement du trépied :

Soit nous gardons les réglages restés figés depuis le chapitre précédent, soit nous avons utilisé le trépied à autre chose et il faut de nouveau refaire le réglage de la tête 3D pour qu'elle soit perpendiculaire à l'axe du trépied (vu dans le chapitre précédent).

En général ceci fait, nous choisissons le cadrage, l'angle de départ vers l'angle de fin. Nous pouvons basculer l'axe du trépied mais il vaut mieux garder l'horizontale car comme nous allons tourner sur un grand angle, la photo finale pourrait être d’aplomb au milieu et avec des détails penchés sur les côtés, après c'est une affaire de goût et/ou de compromis.

2°) Positionnement de la tête panoramique :

Pas de problème à ce niveau de préparation, nous la plaçons sur la tête 3D avec ses réglages des 2 plateaux figés.

3°) Réglage de l'objectif :

Nous choisissons donc la mise au point sur l'infini ou l'hyperfocale (autofocus débrayé, bien sûr) et réglons l'ouverture à ce que nous aurons choisi dans les préliminaires.

4°) Réglage de l'exposition :

C'est un point important et là il s'agit de bien maîtriser son appareil. Soit le passer en manuel pour choisir la vitesse (l'ouverture étant déjà sélectionnée), soit passer en mode priorité diaphragme (Av) et mémoriser l'exposition. L'appareil encore à la main, il faut déterminer une zone qui ne soit ni trop sombre ni trop éclairée car une conséquence d'une photo prise sur un tel angle c'est que nous avons une chance non négligeable de se retrouver avec le soleil de face donc des écarts de luminosité importants et là la mesure multi-zone n'est pas d'un grand secours... Quoiqu'il en soit, dès que nous aurons déterminé la bonne lumière « moyenne », il faudra que toutes les photos de la série aient strictement le même réglage de vitesse. Nous pourrons toujours refaire des séries supplémentaires en sur-exposant et/ou sous-exposant (bracketing), pour plus tard choisir la série la mieux exposée.

Après avoir verrouillé son appareil sur la tête panoramique, nous pouvons enfin déclencher. Nous tournerons de préférence de gauche à droite (les logiciels d'assemblage tiennent compte de cet ordre). Nous tournerons donc de x degré via les graduations de la tête 3D entre chaque photo (angle que nous aurons donc déterminer pour que les images se superposent sur leurs bords). Nous pouvons également l’œil au viseur gérer cette superposition. Voilà, il n'y a plus qu'à faire le nombre de photos nécessaires pour une fois rentré à la maison, faire l'assemblage.

Toutefois, il y a quelques pièges à éviter :

Faire attention à son ombre et/ou celle du trépied.

Des personnages ou objets qui seraient en mouvement, qui pourraient donc être coupés ou dupliqués à plusieurs reprises sur le résultat final.

L'eau peut poser aussi quelques problèmes, sa surface rapidement changeante peut générer des flous ou des ruptures de tons qui gâcheraient le panoramique en marquant les jonctions.

Voilà, la prise de vue est terminée. Que ce soit en numérique ou en argentique, la démarche qui va suivre est la même, à une petite différence pour l'argentique, qu'il faut passer par l'étape scanner en prenant là aussi quelques précautions:

- Que toutes les images doivent avoir la même résolution.

- Que toutes les images devront avoir les mêmes réglages exposition, contraste et colorimétrique. Comme pour le réglage de l'exposition de l'appareil photo, nous devons bien maîtriser ces paramètres.

- Si nous scannons des diapositives sous caches, il faudra veiller à ce qu'elles soient bien perpendiculaires au scanner (en général, le cache flotte un peu dans son réceptacle).

Voilà donc 6 photos prisent avec un 50mm, verticalement à F8, vitesse inconnue ! C'est mon premier panoramique que j'ai fait en noir et blanc, vous devez le reconnaître, ces 6 photos seront notre matière pour l'explication qui va suivre...

Je ne vais pas trop m’étendre sur cette dernière partie car il y aura autant de variantes que de logiciels.

Premier exemple pour assembler : ici c'est Stitcher Express (logiciel qui n'est plus édité).

En bas, nous retrouvons nos 6 photos qui sont classées de gauche à droite. La partie centrale est le montage que j'ai fait à la souris par déplacement en superposant les bords afin qu'ils se chevauchent et se superposent dans un premier temps approximativement.

J'ai fait un rendu au format PSD (format de Photoshop) qui génère autant de calques que de photos. Ensuite sous Photoshop, ces calques vont permettre d'ajuster plus précisément les chevauchements (au pixel près) et également d'équilibrer la luminosité et le contraste entre 2 photos contiguës afin d'estomper les écarts qui pourraient se voir.

161221_ pan22 Kodak TriX400 6 négatifs Scannés: panoramique 150°

Le résultat final après avoir rogné les bords.

Cette autre exemple avec une fonction de Photoshop CS. Au moyen du menu : /Fichier/Automatisation/Photomerge  c'est en encore plus facile!

Il suffit de sélectionner ses photos, de choisir /Disposition/cylindrique, de valider les options /Fusion_des_images, /Correction_du_vignetage et /Correction_de_la_déformation_géométrique, le panoramique est généré sans autres manipulations... Comme dans l'exemple précédent, il y a autant de calques que de photos, il y a donc moyen de peaufiner le résultat calque par calque pour arriver à un sans faute !

Voilà, doté de votre matériel, si vous avez bien suivi mes conseils, après peut-être quelques essais, vous n'avez plus qu'à vous lancer et de donner une nouvelle dimension à vos images.

Franck BUTTARD