SUPERPOSITIONS

Article du samedi 25 juillet 2020

Un peu comme en pose longue, la superposition d'images peut donner du dynamisme à vos photos. Cet effet est facilement réalisable avec un appareil argentique qui possède la fonction adéquate, ce rencontrant davantage sur les boîtiers motorisés mais certains tout mécanique possèdent cette capacité.

Le but va donc être d'exposer deux fois ou davantage le film au même endroit, permettant ainsi de «mélanger» des plans pour des effets qui peuvent donner une sensation de mouvements ou toutes sortes d'effets suivant votre imagination.

 

Si vous avez parcouru mon site, peut-être aurez-vous constatés que je suis un grand adepte de cette fonction sous différentes formes.

Je ne vais pas faire un cours magistral sur la superposition, comme j'ai découvert cette possibilité assez rapidement, dans un premier temps me demandant bien à quoi cela pourrait servir, j'ai rapidement eu quelques idées à son emploi. Aussi, sans me documenter mais ayant une relative bonne connaissance de la technique, j'ai développer ma propre théorie pour arriver à mes fins.

Je vais donc vous donner mes astuces mais je pense que sur le web vous trouverez de nombreux exemples expliqués qui devraient aller dans le sens de ma pratique.

 

Déjà nous allons raisonner «argentique» ! Juste pour vous dire que cette possibilité existe en numérique, je crois que dans les dernières générations d'appareils cette possibilité a pu être ajoutée, sinon en post-traitement, au moyen des calques, on peut le faire.

 

Ceci dit, venons-en au matériel obligatoire ou fortement recommandé :

Un boîtier argentique équipé comme dit en préambule.

Accessoirement un déclencheur souple.

Enfin et ça sera tout, presque obligatoire, un trépied.

 

Premier point important est le réglage de l'exposition. Partons du fait que la cellule donne l'exposition juste à chaque fois (c'est quasiment le cas pour la plupart des sujets). Si vous laissez faire l'automatisme, votre premier déclenchement sera effectivement bien exposé. Mais voilà, lors du déclenchement suivant vous allez rajouter de la lumière sur le film, celui-ci va donc se trouver surexposé. Il aura reçu deux fois plus de photons que nécessaire. Dans la plupart des cas il faudra donc réduire dès le départ la quantité de lumière pour chaque superposition.

Plusieurs possibilités pour régler correctement votre boîtier:

Jouer du correcteur d'exposition.

Passez en mode manuel.

 

Avant d'aller plus loin, je vais faire un petit rappel sur la façon qu'a votre appareil pour réguler le flux de lumière. Pour une sensibilité donnée, le film doit recevoir une juste quantité de lumière. Deux réglages permettent cela: la vitesse d'exposition et le diaphragme de l'objectif. Chacun possède des crans, à chaque cran on divise ou on multiplie par 2 la quantité de lumière. Ainsi, pour la vitesse d'exposition si l'appareil vous indique 1 seconde, logiquement à 2 secondes on surexposera d'un cran, inversement, à ½ seconde on sous-exposera d'un cran. Pareil pour le diaphragme (quoique les valeurs sont issues d'une formule mathématique, par ailleurs très utiles pour calculer la porté d'un flash...) à chaque cran même ratio de quantité de lumière. Je parle volontairement de quantité de lumière, en effet si vous divisez par 2 la quantité de lumière en shootant 2 fois plus vite, vous devrez ouvrir votre diaphragme d'un cran pour re-multiplier par 2 pour qu'au final votre film reçoive exactement le même nombre de photons.

 

Revenons-en que nous voulons superposer 2 images. Si vous m'avez bien suivi, nous allons donc dans ce cas surexposer d'un cran, on va bien multiplier par 2 la quantité de lumière, il faudra donc ramener la bonne quantité de lumière en re-divisant par 2 (soit 1 cran) par l'intermédiaire du diaphragme ou de la vitesse (fermer le diaphragme d'un cran ou shooter 2 fois plus vite).

Soit au moyen du correcteur d'exposition (sur les boîtiers automatiques). Généralement gradué de -2 à +2 qui va donc d'une sous-exposition de 2 crans à une surexposition de 2 crans.

Soit en mode manuel. Dans ce cas après avoir fait le bon réglage donné par la cellule, il n'y aura plus qu'à augmenter la vitesse ou fermer le diaphragme d'un cran.

 

On peut bien sûr aller au delà de 2 expositions multiples. Théoriquement autant qu'on veut, en fait limitées par les vitesses atteignables et les valeurs de diaphragme. Mais vous allez voir qu'on peut en faire vraiment beaucoup. Ainsi en sous-exposant d'un cran, nous pourrons faire 2 superpositions comme nous venons de le voir. Comme à chaque cran on multiplie par 2, cela nous amène qu'à 2 crans ça sera 2*2 superpositions et ainsi de suite.

Un petit exemple : notre appareil, un semi-automatique par exemple, pour un sujet quelconque va nous indiquer un réglage F:4 et 1/125. Comme nous désirons superposer 16 images, nous devrons sous-exposer de plusieurs crans en jouant sur la vitesse (nous pourrions aussi fermer le diaphragme). Comme 16=2*2*2*2, c'est donc 4 crans vers des vitesses supérieures que nous devrons tourner la molette, soit le réglage initial 1/125: 1/250 → 1/500 → 1/1000 → 1/2000: réglage final !

Tout ça n'est que théorique, dans la réalité, ça va être ingérable d'en faire 16, le résultat final avec un tel nombre a de forte chance d'être illisible et la composition de l'image a tendance à se compliquer. En effet, un phénomène de la superposition est de faire apparaître des images fantômes et 1 sur 16 risque d'être tellement diluée qu'elle ne se verra quasi pas.

Voyer mon thème Frénésie urbaine où je gère 4 superpositions.

Dans un autre thème Signaux je n'ai fait que 2 superpositions. Dans ce cas particuliers je n'ai pas fait de correction. En effet comme j'ai pu superposer sur un fond noir (la nuit, soit dit en passant), les sources lumineuses sont exposées à leurs justes valeurs (en fait une mesure spot sur une zone avoisinante, mais cela mériterait un autre article).

 

Il faut donc prévoir ce qui va se passer sur la pellicule en fonction des sujets et du contexte, une bonne maîtrise de la technique permet d'anticiper toute les particularités de la photographie, au final de l'oublier un peu pour aussi mieux se concentrer sur la composition. L'argentique est pour cela une bonne école, le résultat ne venant que bien plus tard, nous sommes tenus à faire au plus juste. Même si les automatismes font fort bien leur boulot, il reste encore des cas où il est bon de les débrayer et de reprendre la main.

 

Aller, en argentique ou en numérique, lancez-vous !

 

Franck BUTTARD